Quand on a quinze ans de ménage

On se dit : "c'est prodigieux

D'avoir accompli pareil stage

En faisant autant d'envieux ! "

Serait-ce trop ambitieux

Que d'en espérer d'avantage

Et toujours plus délicieux ?

Quinze, mais c'est la fleur de l'âge !

Quand on a quinze ans de ménage

On se dit inquiet "suis-je vieux ? "

Et l'on en cherche témoignage

En s'efforçant à faire mieux.

On remercie alors les dieux,

Car on constate que l'ouvrage

Se fait encor d'un coeur joyeux !

Quinze, mais c'est la fleur de l'âge !

Quand on a quinze ans de ménage

On est plus consciencieux.

Peut-être que geste et langage

Se font moins révérencieux (1)

Plus précis si moins copieux :

De cela ceci dédommage,

Et ce n'est pas moins glorieux

Quinze, mais c'est la fleur de l'âge !

Princesse d'un doigt curieux

Vers l'avenir tournez la page :

J'y vois ces mots prestigieux :

Trente ans, mais c'est la fleur de l'âge !

(1) Autre version de ce vers : Deviennent plus audacieux

Pendant cinq journées héroïques

Seize bridgeurs des plus cotés

En des engagements épiques

Tour à tour se sont affrontés,

Et, malgré la sévérité

De tant de gestes énergiques,

Sans faiblesse ils ont répété

Sans atout, carreau, trèfle, coeur ou pique.

Sages, en leur calme angélique

D'aucuns lentement ont monté.

Sur des demandes trop toxiques

D'autres brusquement ont chuté.

Faut pas trop de témérité

Et bien balancer ses répliques

Pour savoir ce qu'on doit tenter :

Sans atout, carreau, trèfle, coeur ou pique.

Classés dans l'ordre arithmétique,

Certains joueurs sont épatés,

Ceux surtout, et cela s'explique,

Qui sont un peu loin rejetés ;

Le sort a de ces cruautés,

De ces imprévus sataniques,

Qui tristement font avorter

Sans atout, carreau, trèfle, coeur ou pique.

Princesse dans ta majesté

Daigne accueillir notre supplique :

Apprends nous à bien ajuster

Sans atout, carreau, trèfle, coeur ou pique.

Quand le rallye offre sa chance

Sous le signe de tant de sports

Que de phosphore se dépense !

Quand le rallye offre sa chance

Ayant chargé son plein d'essence

On fait viser les passeports

Quand le rallye offre sa chance

Sous le signe de tant de sports !

Et v'là les gars, les Gépéistes,

Gépéistons, Gépéixiens,

Toujours plus nombreux sur la piste,

Et v'là les gars, les Gépéistes,

Flairant le vent, en stratégistes

Fronts plissés, pifomètre en mains.

Et v'là les gars, les Gépéistes,

Gépéistons, Gépéixiens.

Depuis le bois et sa cascade

Jusqu'au Marais et jusqu'à Bleau

De traquenard en embuscade

Depuis le bois et sa cascade

Ils ont dépisté l'enfilade

Des contrôles, c'est le poteau !

Depuis le bois et sa cascade

Jusqu'au Marais et jusqu'à Bleau !

Ils ont eu raison de ces colles

A faire pâlir les plus forts,

A dessécher les barbacoles

Ils ont eu raison de ces colles

Rébus et autres fariboles

Verrouillés comme coffres-forts.

Ils ont eu raison de ces colles

A faire pâlir les plus forts.

A Bleau les accueille le Maire

Au nom du bourg bellifontain,

Leur offrant la coupe princière !

A Bleau les accueille le Maire

Et son laïus digne d'Homère

Ne le cède en rien au festin.

A Bleau les accueille le Maire

Au nom du bourg bellifontain.

Messieurs, vous transformez nos salles,

Dit-il, en débredinisoir !

Par vos effluves cérébrales

Messieurs, vous transformez nos salles,

Imprégnant les murs et les dalles

De votre pénétrant savoir.

Messieurs, vous transformez nos salles,

Dit-il, en débredinisoir.

Et voilà donc les Gépéistes

Gépéixiens, Gépéistons,

Par le verbe de cet artiste

Et voilà donc les Gépéistes

Promus au rang de de cabolistes

Ou de rayonneurs de protons !

Et voilà donc les Gépéistes

Gépéixiens, Gépéistons.

Ce rayonnement invisible

A bombardé la caméra,

Animant la plaque sensible,

Ce rayonnement invisible

Va se projeter sur la cible

Quand la lumière s'éteindra

Ce rayonnement invisible

A bombardé la caméra.

Avec ardeur, en confiance,

Adoptons la sérénité.

A se fier à l'expérience

Ce n'est pas là témérité.

Et cependant, le pauvre hère,

Qui n'a rien, hier comme aujourd'hui,

Se mettrait plutôt en colère ;

Sérénité n'est pas pour lui !

Confiance? qui peut l'avoir ?

Le malin ou le funambule ?

Certainement pas le pied noir :

Il a cessé d'être crédule.

Et l'ardeur, d'où peut-elle naître ?

Sans doute d'un tenace espoir

De voir briller à la fenêtre

Clair matin après sombre soir !

Autre strophe de ce poème :

Confiance et sérénité

Sont privilèges de l'aisance

Alors que le moins bien doté,

Lui, n'a que droit à l'espérance.

Qu'est-ce donc qu'un CRUCIVERBISTE ?

Un farouche politicien ?

Un radical, un progressiste ?

Ou bien un académicien

Qui pilorie un solécisme

Fût-il bénin, accidentel,

En défenseur d'un conformisme

Sans pitié comme sans appel ?

Est-ce un fervent de botanique,

Droguiste ou modeste amateur,

Des herbes et fleurs, qui s'applique

A tirer leur suc bienfaiteur ?

Du constructeur est-ce un complice ?

Du sidérurgiste un tapeur,

Un verbeux qui met sa malice

Au service d'un séducteur ?

Si l'on disait verbocruciste

Serait-ce plus mal ou plus clair ?

Moins harmonieux ou plus triste

Verbocru contre cruciver ?

Ce n'est pas ce qui nous importe,

Pour l'instant nous voulons savoir

Ce que ce mot neuf nous apporte

Ce qu'il nous fait apercevoir

Cruci dit bien ce qu'il veut dire

Quelque souffrance et quelque effort

Ce "verbe" pris entre le pire

Et le meilleur, est toujours fort

.............................

Nous avons fait un beau voyage,

Et déjà dans chaque ménage

On vous en a fait le récit.

Mais aussi fidèle et précis

Que vos maris aient pu le faire

Aussi candide, aussi sincère,

Aussi près de la vérité,

Quoique inconsciemment teinté

Par la verve et par l'éloquence

Que réveille une longue absence,

Aussi brillant, aussi vivant,

Aussi franc, aussi captivant

Aussi net de toutes censures

Aussi truffé d'égragnitures

Qu'on réserve aux meilleurs amis

(C'est un peu rosse, mais permis)

Pour agrémenter sa romance

Ou pimenter sa confidence

Aussi parfait qu'il ait été

Ce récit est à compléter.

Compte rendu chronologique

Non point, pas plus qu'analytique

Je ne veux dans ce court propos

Que vous brosser quelques tableaux

Menus compléments de l'histoire

Mais qui jalonnent sa mémoire.